Location vacances ile de Ré, un « éco péage » pour rester chic ?
Mis en services en 1940, les bacs transbordeurs ont longtemps été le symbole d’une location vacances ile de Ré, les traversées suscitant l’excitation grandissante des touristes à mesure que l’on s’approchait des plages…
Devant l’affluence de visiteurs, le développement de l’automobile et des files d’attente toujours plus longues à la belle saison, la construction d’un pont reliant l’île de Ré au continent se révéla rapidement indispensable. Les insulaires étant les premiers pénalisés par la popularité de leur île.
Le 19 mai 1988, un pont de 3 kilomètres de long, « culminant » à 42 mètres en son point le plus haut était achevé, moyennant un investissement de 60 millions d’euro. Un péage fut installé à l’entrée de l’île afin de concourir au remboursement de l’emprunt contracté pour réaliser l’édifice. L’île voisine, Oléron, tout aussi populaire avait elle aussi fait « le choix » du péage pour financer le pont qui la reliait désormais au continent.
Le trafic se révèle d’autant plus facilité que ces ouvrages, bénéficiant des dernières technologies, permettent de circuler quelque soit les conditions météo à la différence des bacs souvent « cloués à quai » les jours de grand vent.
La beauté de l’île de Ré n’est en rien discutable. Et si le péage a permis de financer le pont, il a aussi fait de l’île de Ré un lieu à part. Avec un droit de passage avoisinant les 17€, on réfléchit effectivement à deux fois avant de se rendre sur l’île pour y passer la journée. Seuls les propriétaires de résidence secondaire, ou les touristes ayant décidé de séjourner sur Ré quelques jours ne semblent pas être ralentis par cette taxe qui ramenée au kilomètre est l’une des plus chers de France !
Et pour cause, les personnes ayant leurs résidences principales ou secondaires sur l’île bénéficient de la gratuité du pont ou encore d’un tarif très particulier.
Dès 2005, alors que l’emprunt est quasiment remboursé, les débats sur la suppression du péage à l’issue du remboursement vont bon train. En effet, rien ne semble justifier le maintien d’un péage, ou tout du moins d’une taxe aussi élevée, une fois le pont payé. L’île d’Oléron a d’ailleurs supprimé tout droit de passage dès 1991. Et c’est notamment les conséquences de la suppression du péage sur Oléron qui attisent les débats sur l’île de Ré !
Tourisme à la journée, camping sauvage, « île pique nique », réseau routier non adapté… Les associations écologistes montent au créneau, s’accordant à dire que l’afflux de touristes occasionné par la gratuité du pont endommagerait une île déjà fragile.
Mais ne faut-il pas voir derrière ces réticences à rendre l’île accessible à tous la volonté de maintenir un « éco système » fonctionnant plutôt bien ? Clientèle à fort pouvoir d’achat, entretien irréprochable, immobilier particulièrement valorisé pour la région… L’ouverture de l’île pourrait changer la donne.
Le pont voit défiler 16000 véhicules les jours d’affluence, et c’est déjà bien trop pour le maire de Rivedoux (premier village et passage obligatoire pour tout entrant sur l’île) qui qualifia sa commune de «paillasson de l’île de Ré ».
Les dégâts occasionnés par la dernière tempête XINTHIA ont mis fin, pour un temps, au débat. Le droit de passage s’est transformé en éco taxe affectée à la préservation de l’île de Ré.
Mais quand on sait que cette éco taxe représente 3,5€ sur les 17€ perçus au passage de chaque véhicule en haute saison, nul doute que le péage du pont continuera à alimenter les discussions.